ARCANE (1988)

à Pierre BOULEZ - nouvelle édition - Ricordi (Paris)
piano - durée : 16’
commande : Radio France
création : 12 août 1988, Allemagne, Darmstadt
Dominique MY (piano)

 

Note de programme

La forme générale est en trois parties :
1re partie : le vent de l'esprit (introduction, éclats, appels de cloches graves, déformation progressive du temps).
2e partie : l'esprit en éveil (indépendance des mains, contrepoints multiples).
3e partie : la force de l'esprit (canons harmoniques, gravitation).

Avec cette œuvre pour piano, j'ai voulu me libérer d'une charge potentielle latente qui, pendant une certaine période de ma vie, venait fréquemment hanter mes heures de sommeil. Ainsi comme des flashs très précis, des images sonores d'une très grande virtuosité apparaissaient de façon obsessionnelle. Aussi ai-je tenté de les transcrire ici sous des formes diverses.

En dehors de cet exutoire, Arcane a été composé en suivant un principe générateur d'indépendance totale des deux mains. Exprimée dans la 2e partie, cette idée m'a permis d'élaborer une écriture avec des contrepoints multiples et mobiles, en donnant l'illusion d'un dédoublement réel du piano. Un peu comme en optique, on peut voir, par l'intermédiaire de loupes et de miroirs déformants, un “ objet ” se démultiplier et se transformer virtuellement, sous de multiples aspects.

Autour de ce trait dominant, plusieurs autres idées sont venues compléter la composition de cette œuvre :
• flexibilité de la phrase musicale (tension directionnelle, élasticité quantitative, désintégration et recomposition progressives). Ces aspects étant totalement subordonnés à l'écriture contrapuntique et à l'indépendance des deux mains (avec parfois la sensation d'avoir deux tempi autonomes superposés).
• mobilité de la masse harmonique, affectant les trilles ou les batteries d'accords (avec une fonction quasi-tridimensionnelle) ou encore les constellations harmoniques.
• imbrication d'un phrasé rythmique propre à l'interprète.
• mutations fréquentes : soit au niveau d'un élément constitutif (accentuation, cellule rythmique), soit au niveau d'un matériau musical (densité, énergie), soit encore au niveau d'une fonction compositionnelle (déformation progressive de la perception du temps).
• ostinatos d'accords ff (sans pédale) en écriture canonique stricte avec des mouvements brisés très disjoints sur tout le clavier.

3A

 

Analyse détaillée d'Arcane par le compositeur

→ Poème Arcane, p. 45 in L'attente… L'absolu, Allain Gaussin, Editions d’écarts, Paris, 2013.

→ Voir vidéo Arcane - Frank GUTSCHMIDT (piano), Pascal SIGNOLET (réalisation).

 

Écouter
Dominique MY (piano) - 1989, Paris, Radio France

 

Articles de presse

Raphael ARNAULT, L'Ardennais, Hypnose galactique avec Arcane, 6 juillet 2011

"... Arcane nous conduit dans un univers spirituel inspiré du macrocosme. …Faisant sonner toute l'étendue du clavier, Franck Gutschmidt a rendu justice à cette œuvre monumentale et poétique. Travaillant beaucoup sur les rapports des tessitures entre elles et sur le travail contrapuntique, le compositeur et l'interprète réussissent le pari fou de donner l'illusion d'un dédoublement du piano. La pièce s'achève en paroxysme sur une vision de la masse sonore en mouvement …avant de se désagréger et ne former qu'un seul accord."


Philippe LEROUX, compositeur, Arcane (mai 1995) :

" ... je pense très sincèrement que c'est une des meilleures pièces pour piano écrites ces 20 dernières années, à cause du caractère novateur de ses idées. Très très beau. "


Harry HALBREICH, Revue Crescendo 16, mai 1995

" Arcane compte au nombre des rares pages véritablement significatives qui sont venues enrichir le répertoire pianistique ces temps derniers… "


M.M., Dernières Nouvelles d'Alsace, L'honneur du piano contemporain, 4 octobre 1993

" Arcane d'Allain Gaussin invoque Pierre Boulez. C'était pourtant la moins boulézienne des quatre œuvres, tant elle travaille la continuité du développement de la nappe sonore plutôt que les structures morcelées et courtes de souffle chacune. Le souci de l'indépendance des deux mains est évident, mais dans l'élargissement ou la concentration de ce mouvement, dans les trémolos profonds ou aigus, la ligne est large, appuyée par l'harmonie et la résonnance autant que par le legato… Louise Bessette…est incontestablement, au piano contemporain, une très grande interprète. "


Jacques LONGCHAMPS, Le Monde, Du Blanc-Mesnil au Centre Pompidou, 14 février 1989

" ...Mais au même concert, Arcane pour piano d'Allain Gaussin, superbement joué par Alain Neveux,… empoignait l'attention par sa force dramatique, son enracinement, son courant tellurique, et parfois ses gerbes de poésie. "


Marc VIGNAL, Revue Diapason, Metz 84, Bilan encourageant, décembre 1984

" Il ne faut pas s'attendre à n'écouter à Metz que des chefs-d'œuvre, ni même que des ouvrages "valables". Mais on retiendra certainement parmi ceux de cette année, Arcane d'Allain Gaussin (nouvelle version), pièce pour piano d'une difficulté diabolique qui valut au compositeur et à son interprète Jacqueline Mefano, de longs applaudissements. "

 

___ haut de la page