SATORI (1998)

à Gérard ZINSSTAG - Editions Leduc
clarinette - durée : 8’15’’
commande : CNSM de Paris
création : 19 décembre 1998, Paris, Cité Universitaire
Mathieu FEVRE (clarinette)

 

Note de programme

Satori est un mot Japonais utilisé dans le bouddhisme zen. Sa signification traduit un moment unique (extrêmement rare) de l'éveil intérieur - sorte d'illumination - où l'être entier entre en résonance avec les forces de l'Univers.

La composition pour instrument mélodique soliste m'a toujours fasciné. Je considère en effet la phrase musicale comme un paramètre noble et fondamental, dont la présence conduit à relever sans cesse le défi de l'invention mélodique. Avec Satori j'ai donc tenté d'apporter ma propre pierre à cet univers si fragile, si mystérieux... en cherchant une voie personnelle.

L'idée principale de Satori est centrée sur l'évolution d'un processus liant intimement deux notions musicales importantes : l'intervalle et la durée. Si au début de la partition, les phrases musicales s'expriment avec des intervalles petits et des durées longues, très progressivement, vers le milieu de la partition, ce binôme va s'inverser avec de grands intervalles et des durées courtes.
Cette conception m'a permis de créer des phénomènes étranges qui ont un rapport avec la perception du temps. Partant d’un environnement musical où les durées sont très étirées, l'œuvre brise peu à peu la chronologie régulière, pour pénétrer dans les spirales vertigineuses du Temps, par analogie à celles que recherchent les moines bouddhiques zen dans cette quête du Satori.

D'autres éléments musicaux sont venus compléter la composition de Satori :
- L'insertion de micro-structures répétitives qui, au fil de la partition, sont de plus en plus affirmées. Celles-ci ont aussi un rôle structurel (comme des jalons beaucoup plus espacés) en se superposant à la forme générale.
- Une ornementation générant au départ un certain nombre de petites cellules mélodiques brèves, avec peu à peu l'émergence et l'extension de « figures-rubans » (succession très rapide de triples-croches régulières). Leur présence finira par s'imposer totalement pour constituer le matériau principal ("Spirales insolites" et "Coda").

3A

 

→ Poème Satori, p. 51 L'attente… L'absolu, Allain Gaussin, Editions d’écarts, Paris, 2013.

 

Écouter
Jean-Marc FESSARD (clarinette) - 2014, CD Harmonie des Sphères Allain GAUSSIN.

 

Articles de presse

Michael DERVAN, The Irish Times, Dublin, 28 novembre 2009

" Frenchman Allain Gaussin’s Satori (1998), for solo clarinet, explored a development of melodic line that both investigated microtonal gaps and donned the musical equivalent of 10-league boots in a way that blended struggle and sprezzatura. ".


Allan KOZINN, The New York Times, May 7, 2009

"The concert began with Mr. Gaussin’s Satori which touched on Messiaen spiritual side, although the influence here is Bouddhist: the title refers to the moment of inner awakening and oneness with the universe. The music, for solo clarinet, evokes that moment in slow motion; a pianissimo line, slow moving and with bent pitches, gradually becomes louder, faster and more ans more densely chromatic. Carol McGonnell, the clarinetist, made her way from the meditative patience of the opening to the ecstasy of the finale with inexorable mementum and carefully calibrated virtuosity. ".

 

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