L’HARMONIE DES SPHÈRES (2006)

à Philippe HUREL et Pierre-André VALADE - Editions Leduc
flûte, clarinette, violon, violoncelle, piano et percussion - durée : 12’30’’
commande : Etat pour l’Ensemble Court-Circuit
création : 5 octobre 2006, Oslo, Festival Ultima
Ensemble Court-Circuit, Pierre-André VALADE (direction)

 

Note de programme

J'ai emprunté ce titre à Pythagore et à Kepler. Dans ma partition, ce n'est pas l'aspect théorique de leurs travaux qui a suscité mon intérêt, mais bien plus l'aspect poétique et métaphorique de leurs pensées orientées vers la cinétique des corps célestes, tournant sur eux-mêmes et dessinant des lignes géométriques dans l'univers.

L'œuvre est écrite en trois parties s'enchaînant de manière continue. Dans la première et la troisième partie, j'ai tenté de conserver l'idée des trois dimensions de l'espace, par un travail d'écriture purement instrumentale, en créant de véritables perspectives sonores, sans l'aide des moyens de spatialisation électroacoustique, ni même de disposition particulière des musiciens dans la salle de concert.

La première partie "Symétries" développe l'entrelacement de « figures rubans » multiples (en forme d'arabesque) dédoublées par différents types de miroir (plats, obliques ou déformants). L’évolution de ces « figures rubans » est contrôlée par un logiciel « 3a-table » conçu dans le cadre d’un travail sur OpenMusic à l’Ircam.

La deuxième partie "Malaise d'adolescent" est une parenthèse musicale. Elle tente de décrire un phénomène nocturne qui a obsédé une partie de mon adolescence, en me réveillant brutalement et en me terrorisant. Ici tout est composé autour d’une ligne droite sans fin. Quelques secousses, aussi violentes que brèves, viennent parfois perturber le calme apparent de cette partie. L’instrumentation (avec certains modes de jeu et des nappes d’ombre…) complète la composition de cette fresque musicale.

Enfin "Mouvements quantiques" (troisième partie) nous fait pénétrer dans un autre univers, celui de l'infiniment petit, là où probablement l'univers a été créé. Dans cette partie, j'ai essayé de réaliser ce que Giacinto Scelsi avait cherché à développer dans sa musique : "le son est sphérique et rond". Ainsi, multipliés en très grand nombre, ces "sons", tournant indépendamment sur eux-mêmes, ont été répartis sur quatre lignes en forme de contrepoint. Chacune de ces lignes décrit une trajectoire qui lui est propre et évolue dans une sorte de canevas spatial, perlé, démultiplié, pour s’achever au centre d’une galaxie. Ici, dans ce noyau torride, dans ce « trou noir » se rejoignent et fusionnent l’infiniment petit et l’infiniment grand.

3A

 

→ Poème Harmonie des sphères, p.55 in L'attente... L'absolu, Allain Gaussin, Editions d’écarts, Paris, 2013.

 

Écouter
Ensemble Court-Circuit, Jean DEROYER (direction) - 2007, Madrid, Auditorium de la Reine Sophie

 

Article de presse

Ensemble Linea, août 2018

Irradiante et gorgée d'énergie, la musique d'Allain Gaussin éveille constamment le mouvement et fait naître la tension qui irrigue la matière sonore et projette les lignes comme des faisceaux de lumière embrasant l'espace de résonance.

 

G.P.M., Gazzetta di Parma, 30 ottobre 2015

Passagi che si potevano cogliere in L’Harmonie des Sphères di Allain Gaussin, nella evocazione filtratissima di un’immaginaria architettura sonora, fatta di rapporti sottili, regolati da relazioni che vanno progressivamente sfaldandosi, come per un progressivo collasso, nello spettro della microtonalità; un brano elegante, suggestivo...

 

Michèle TOSI, ResMusica.com, 18 juin 2012

… Il dirigeait ensuite L'Harmonie des sphères, l'une des plus belles partitions pour petit ensemble d'Allain Gaussin, un compositeur dont on entend trop peu souvent la musique en France. Passionné d'astrophysique qui nourrit ici son inspiration, Gaussin entend traduire en musique et en mouvement, la cinétique des corps célestes tournant sur eux-mêmes: « mon désir était de donner, par le seul biais de l'écriture, l'illusion d'un espace à trois dimensions» déclare-t-il. Par un dosage très fin des sonorités et un remarquable travail sur les timbres et les textures qui se transforment à mesure, Gaussin modèle son matériau et en éprouve les ressorts expressifs au fil d'une trajectoire très étonnante qui captive l'écoute. Evan Christ et ses musiciens, tous remarquables, en entretiennent magnifiquement la tension jusqu'au déchirement - le « trou noir » évoqué par le compositeur - spectaculaire et définitif…

 

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